Aujourd’hui je mets en avant Arthur Mayard, mon neveu qui s’occupe de la gestion des vignes et de la cave au sein de notre domaine familial, les Vignobles Mayard.

Dans cette interview, Arthur refait un historique de l’évolution de notre domaine sur un plan agronomique vers l’agriculture raisonnée puis vers l’agriculture biologique qui s’est officialisée en 2017 avec le début de notre conversion qui arrive à terme aujourd’hui.

Les prochaines bouteilles du millésime 2020 seront commercialisées en agriculture biologique avec le logo AB.

C’est un parcours qui s’est fait vraiment dans le temps. C’est quelque chose qui a été initié par Françoise, Béatrice et Didier il y a une vingtaine d’années. Donc cela a été une transition longue, avec l’arrêt des désherbants, la remise en culture du sol par des travaux.

Et puis maintenant on arrive à un nouveau projet qui va au-delà du Bio et qui s’oriente vers une tendance d’agroécologie.

 

 

Gestion agronomique Bio et agroécologique des Vignobles Mayard.

 

Cela consiste à avoir des couverts végétaux dans nos vignes et une strate arborée de haies et d’arbres, potentiellement dans les vignes.

Il y a eu différentes phases pendant la conversion bio, avec une remise en culture et travaux du sol mécanique avec des outils tractés.

Aujourd’hui, la moitié de notre domaine familial est travaillé par le biais des couverts végétaux.

Technique qui consiste à séquestrer du carbone dans les sols, en faisant pousser un couvert végétal qui va capter l’azote de l’air et le carbone de l’air pour le réintégrer dans le sol.

Objectif des Vignobles Mayard : être dans un projet de séquestration du carbone sur la totalité du domaine dans le but à terme d’être quasiment neutre, voire positif sur nos pratiques.

Nos couverts représentent la totalité des rangs dans notre vignobles. Il s’agit d’un mélange composé de grandes familles de graminées, de fabacées et quelques crucifères.

Chacun a un rôle de décompaction du sol, de captation de l’azote atmosphérique par le biais des symbioses racinaires des nodosités des fabacées.

L’objectif est de ramener de la vie dans nos sols, qui est la constituante principale de la matière organique dans nos sols et responsable de la fertilité de nos vignes et de la qualité de nos raisins.

« Plus il y aura de la vie, plus on aura des vignes qui seront saines, avec un nombre de traitement le plus réduit possible. En maximisant la vie dans nos sols et dans nos vignes, on agit sur la qualité de nos vins globalement. » Arthur Mayard

C’est un processus long qui se fait petit à petit. Aujourd’hui nous avons une vingtaine d’hectares sous couverts végétaux. Cela induit de nouvelles problématiques qu’on ne connaît pas. On réapprend un métier et tout un tas de pratiques. C’est quelque chose dont on a vraiment à cœur chez les Vignobles Mayard.

 

Marceau Bourdarias expert en physiologie de la vigne, est venu sur notre domaine il y a deux ans, former toute l’équipe des Vignobles Mayard afin d’optimiser notre taille.

Une taille douce permet de maximiser la mise en réserve d’énergie de la vigne dans ses bois. Cela permet d’avoir au débourrement l’année suivante, une vigne plus saine, plus vigoureuse, plus en capacité à maintenir une floraison optimale et éviter d’avoir des phénomènes de coulure, qui sont des effets d’avortement des fleurs, notamment sur le grenache à Châteauneuf du Pape qui est le cépage principal de l’appellation.

Donc le but est de stabiliser les rendements, allonger la longévité de la vigne qui représente pour nous le plus gros enjeu. Faire en sorte d’avoir des vignes qui durent plus de 100 ans.

On essaie de mettre en œuvre toutes les pratiques possibles. L’objectif est de réduire les maladies du bois par cette taille douce, faire en sorte de retrouver une activité des sols qui corresponde à terme à une auto fertilité et ainsi limiter nos intrants, y compris en engrais bio.

Le but de ces couverts végétaux, de ces haies et des arbres à proximité, est de recréer un écosystème et d’être capable de faire notre propre fumure en interne ; d’être auto fertile dans nos vignes pour qu’elles deviennent résilientes.

 

Changement de paradigme en agronomie chez les Vignobles Mayard pour une agriculture pérenne et résiliente.

 

Aujourd’hui nos vignes en France et sur le domaine, sont issues majoritairement de sélections clonales. C’est-à-dire que ce sont des sélections de ceps qui sont reproduits à l’identique pour éviter certains risques de maladies et favoriser des clones qui soient productifs et qualitatifs.

Mais en 2021, on arrive un peu au bout de cette idéologie parce qu’on se retrouve en viticulture sur une immense agriculture intensive de vignes avec les mêmes individus, sans vie extérieure et avec peu de vie des sols ; Cela pose un gros problème et laisse le champ libre aux maladies.

Notre travail de viticulteur est de favoriser la diversité. La famille Mayard a donc lancé un programme avec les pépinières Lilian Bérillon afin de faire une sélection massale de nos vieilles vignes. C’est-à-dire, au lieu de reproduire un seul individu de plant de vigne, ils viennent en sélectionner une quarantaine qui ont plus de 100 ans aujourd’hui. Donc ces individus ont tout le potentiel d’être vigoureux, qualitatif et bien portant. Et on va essayer de les multiplier.

Mine de rien, en sélectionnant 40 ceps de vigne à cloner au lieu d’un seul, on multiplie par 40 la diversité des individus au sein d’une parcelle.

On s’est lancé dans un travail de restructuration de notre vignoble, c’est-à-dire qu’on renouvelle des parcelles qui étaient trop vieilles, trop peu productives et qui avaient des manquants.

Après la récolte 2019, on a arraché deux hectares de vigne. On a fait un temps de repos du sol avec un couvert végétal dans le but de restimuler la vie du sol, recréer de la dynamique au niveau de l’enracinement, décompacter etc. et cette année on vient de les replanter.

On est heureux de vous annoncer qu’on aura 1 hectare de Châteauneuf du pape blanc en plus à commercialiser dans les années à venir, et un hectare en rouge.

Donc en plus de ces sélections massales qui consistent à cloner plusieurs individus d’un cépage, on fait le choix aussi de planter plusieurs cépages par parcelles pour essayer de maximiser cette biodiversité.

Donc en plantation, on se retrouve avec 5 cépages blancs qui sont du grenache blanc et gris, de la clairette, de la clairette rose et de la roussanne. Et du cinsault et du grenache pour les rouges.

Cela fait déjà 7 individus sur lesquels on sème un couvert végétal multi-espèces, environ 7 espèces différentes. Et cette parcelle en terrasse est chanceuse car elle est toute entourée de bois. Donc déjà au niveau de la construction de la vigne, c’est tout un écosystème. Et on multiplie la vie par des chiffres exponentiels qui nous permettent d’avoir à terme, une vigne résiliente et auto fertile.

 

On perçoit le changement climatique chaque année, on voit les dates de récoltes qui s’avancent, on voit les sucres qui explosent, donc qui donnent des potentiels alcooliques de plus en plus importants, des acidités qui se dégradent… Tout le but du domaine et de notre agriculture actuelle, c’est de retrouver l’équilibre, pour arriver à produire des vins aussi qualitatifs sinon plus que ceux qu’on fait aujourd’hui.

Autres points qui sont abordés dans cette interview que je vous invite à regarder dans son intégralité : 

  • Rôle des brebis dans nos vignes (11:29)
  • Le labour avec un cheval courant mars d’une de nos vieilles parcelles plantées serrées, pour ne pas tasser nos sols et favoriser un meilleur enherbement avec nos couverts végétaux. (13:53)
  • Point sur la qualité du millésime 2020 et le travail qui est fait en cave. (15:55)
  • Planning des travaux passés et à venir chez les Vignobles Mayard dans les prochaines semaines et les prochains mois. (19:14)

 

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